Vikings (Les)

États-Unis (1958)

Genre : Aventure

Écriture cinématographique : Fiction

Archives CAC, Collège au cinéma 2012-2013

Synopsis

Au Xème siècle, les Vikings sèment la terreur sur les côtes d’Angleterre. Ragnar, le chef viking, tue le roi et viole la reine. Cette dernière donne naissance à Eric qui sera capturé par les Vikings et élevé comme esclave. Devenu adulte, il affronte Einar, le fils de Ragnar, et le défigure en lançant contre lui son faucon. Quelques temps plus tard, Morgana, la future reine d’Angleterre, est enlevée par Einar qui cherche à la séduire, mais elle tombe amoureuse d’Eric

Distribution

Kirk Douglas / Einar
Tony Curtis / Eric
Janet Leigh / Morgana
Ernest Borgnine / Ragnar
James Donald / Egbert
Alexander Knox / Père Godwin
Frank Thring / Aella
Maxine Audley / Enid
Eileen Way / Kitala
Edric Connor / Sandpiper
Dandy Nichols / Bridget
Per Buckhoj / Björn
Almut Berg / Pigtails
Peter Douglas / un enfant

Générique

Titre original : The Vikings
Réalisation : Richard Fleischer
Scénario : Calder Willingham, Dale Wasserman, d’après le roman d’Edison Marshall
Image : Jack Cardiff
Musique : Mario Nascimbene
Montage : Elmo Williams
Son : Joseph de Bretagne 
Production : Bryna production
Producteurs : Jerry Bresler
Distribution : Carlotta Films
Couleurs
Durée : 1h55
Sortie en France :17 décembre 1958

Autour du film

Les vikings, réalisé en 1958, est avant tout l’œuvre d’un artisan humble et appliqué. Richard Fleischer n’était pas un auteur, n’a jamais eu de prétention auteuriste et sa filmographie est principalement constituée d’honnêtes divertissements hollywoodiens, dont Les vikings peut apparaître comme la synthèse et l’aboutissement.

Il s’agit en effet d’une épopée relativement classique, mêlant amour, héroïsme et barbarie. Deux hommes, l’un esclave apatride et l’autre grand viking, rivalisent d’amour envers une angélique Galloise qu’ils libèrent du donjon d’un seigneur en s’associant, puis se provoquent en duel pour ne plus la partager. Les thèmes récurrents du divertissement d’époque sont donc tous revisités mais demeurent efficaces et, surtout, continuent de vibrer face à l’objectif de Fleischer. L’artisan nie en effet toute possibilité de dérision ou pire, de cynisme, et s’efface pour consacrer l’hégémonie du premier degré. Le regard est humble et la démarche modeste, le mythe et ses acteurs sont restitués dans toute leur ampleur avec respect et dignité. Fleischer continue donc de croire, d’avoir une foi éperdue en l’imaginaire, et s’impose comme l’un des réalisateurs les plus touchants et humanistes de sa génération. Car sur fond de guerre des terres et de terreur constante exercée par les tyrans locaux et les vikings expansionnistes, l’individu prend bientôt le pas sur la communauté, l’intime sur le général, et se dessine progressivement une puissante lutte fratricide signifiant bien plus qu’un simple et mièvre ressort dramatique.

C’est ce dernier aspect qui sort définitivement Les vikings de l’anonymat des grosses productions de l’époque. La rupture et la confusion des frontières communautaires, belliqueuses, le mépris du regroupement arbitraire au profit de l’individu frappé de valeurs fondamentales est ici clairement favorisé, et retentit comme un signal d’alarme face au contexte politique de la fin des années 1950. L’esclave apatride, fruit de l’union de parents appartenant à des communautés opposées, se soulève en effet contre toute forme de domination absurde et s’impose comme le porte-parole d’une frange brisée et déchirée de la population, qui plie sous le joug de la lutte des puissants. L’esclave apatride et indépendant croit en ses valeurs, les forge en dépit de perverses influences et n’agit pas pour imposer mais pour s’accomplir. Son frère caché et rival, Einar le viking, appartient quant à lui d’emblée à une communauté dominante et, pour réaliser ses ambitions, lève les troupes, s’en remet aux entités supérieures et use de la lame, incarnant de fait le fruit du désastre de la prédetermination ethnique et idéologique.

Le genre est transcendé, le confort contesté, et Fleischer est peut-être un efficace et rentable outil aux mains des studios, mais signe avec Les vikings la plus vibrante des déclarations d’indépendance.

Axel Cadieux / Objectif cinema

Vidéos

De Bayeux aux Vikings

Catégorie :

Les Vikings s’ouvre sur un déroulant animé ouvertement et librement inspiré de la Tapisserie de Bayeux, célèbre dans le monde entier. Introduction simplement plaisante ? Pourquoi utiliser une œuvre qui illustre la bataille de Hastings de 1066 pour présenter les Vikings du film, qui vivaient environ deux siècles plus tôt ? À l’évidence, Richard Fleischer cherche à ancrer l’image de ces derniers dans l’histoire. Peu importe les anachronismes dont Hollywood et le grand public n’ont bien souvent cure. Tentons simplement de repérer les similitudes comme quelques-uns des glissements manifestement volontaires qui s’opèrent entre la Tapisserie et l’introduction animée, et leur rôle par rapport au film…


Analyse : Joël MAGNY
Réalisation : Jean-Paul DUPUIS
Cette vidéo peut être mise en relation avec les pages 16-17 (« Histoire des Vikings ») et 18-19 (« Légende et réalité ») du dossier “Les Vikings”.