Siddharth

Canada, Inde (2013)

Genre : Drame

Écriture cinématographique : Fiction

Collège au cinéma 2017-2018

Synopsis

En envoyant Siddharth, son fils de 12 ans, travailler à Mumbaï, Mahendra son père, un maroquinier ambulant, est soulagé fiancièrement. Mais quand Siddharth ne rentre pas comme prévu, Mahendra apprend qu’il a pu être enlevé par des trafiquants d’enfants. Sans le sou et aucun réseau de connaissances, il voyage à travers l’Inde à la recherche de son enfant, avec l’espoir qu’il lui reviendra sain et sauf.

Distribution

Rajesh Tailang : Mahendra Saini, le père
Tannishtha Chatterjee : Suman Saini, la mère
Khushi Mathur : Pinky Saini, la fille
Shobha Sharma Jassi : Meena Gahlot, la sœur de Suman
Anurag Arora : Ranjit Gahlot, l’époux de Meena
Amitabh Srivasta : Om Prakash, le patron
Geeta Agrawal Sharma : Roshni
Mukesh Chhabra : Mukesh-Bhai
Irfan Khan : Siddharth / Chai Kid / Kamathipura Child

Générique

Réalisation : Richie Mehta
Scénario : Richie Mehta
Direction artistique : Avani Batra
Décors : Aparna Kapur
Costumes : Nalini Joshi
Musique : Andrew Lockington
Montage : Stuart A. McIntyre, Richie Mehta
Photographie : Bob Gundu
Production : Richie Mehta, David Miller, Steven N. Bray
Sociétés de production: A71 Productions, Poor Man’s Productions Ltd.
Sociétés de distribution : Zeitgeist Films (États-Unis), ASC Distribution (France)
Durée : 1h36

Autour du film

Mélo néoréaliste indien d’une belle (re)tenue.
En marge de Bollywood s’immiscent quelques films indiens plus proches
des conceptions européennes du cinéma. Comme Siddharth, signé par un cinéaste canadien d’origine, qui a été tourné à Delhi et Bombay. Thématiquement, c’est proche du thriller indien Ugly, sorti il y a quelques mois. Un enfant a disparu, vraisemblablement enlevé. Sa famille mettra tout en œuvre pour le retrouver.

La différence avec Ugly et tout le cinéma commercial indien, c’est le traitement du sujet. Pas de chants ni de danses, aucun excès ni effet kitsch. On pense surtout au néoréalisme italien (option De Sica) ou aux premiers Satyajit Ray. La vie modeste des petites gens est observée et décrite avec passion. Cela fait toute la saveur et l’intérêt du film.
Voir toute la partie consacrée au travail du personnage central, le père, Mahendra. Il exerce un de ces petits métiers des rues tels qu’on en trouvait jadis en France. Il répare des fermetures Eclair. Il se déplace dans les faubourgs et manifeste sa présence avec un mégaphone. Le film détaille méticuleusement le quotidien de cette famille ultramodeste.

En parallèle, on retrace la recherche permanente du fils disparu, Siddharth (envoyé travailler dans un atelier loin de chez lui). Une quête lancinante qui fournit au film son indéniable tension. Il y a quelques facilités à l’américaine, comme ces séquences/résumés très cut, en général accompagnés par une musique passe-partout. En dehors de cela, le film ne cède à aucun cliché dramatique. Restant fidèle à l’âpreté du néoréalisme, il ne s’appuie jamais sur le pathos, qui suppose une surenchère quelconque (gros plan sur une larme, souffrance théâtralisée). La tragédie n’en est pas une pour la famille, qui continue à vivre avec abnégation, tout en espérant toujours un miraculeux retour du fils perdu.

Par ailleurs, Richie Mehta analyse finement les rapports de classes. Qu’il soit confronté à la police ou au patron de son fils, Mahendra est traité avec condescendance, voire mépris – alors que les personnages modestes sont bienveillants et solidaires. Ce mépris confine à l’humiliation lorsqu’il demande l’autorisation d’exercer son métier aux abords de la gare, gérés par une sorte de mafieux local…

On pense beaucoup à certaines fictions du XIXe siècle à la Dickens (un précurseur littéraire du néoréalisme). Cela pour dire la complexité sociale de ce film sobre et sans esbroufe. Quelque chose comme une ligne claire à l’indienne, si tant est que ce soit envisageable dans un pays profondément baroque.

Par Vincent Ostria, pour les Inrocks
www.lesinrocks.com

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Note d'intention du réalisateur 

"En 2010, j’ai rencontré un homme, dans les rues de Delhi, qui m’a demandé de l’aider à trouver un lieu se nommant « Dongri ». Je lui ai demandé ce qu’était cet endroit, il m’a répondu qu’il pensait que c’était là-bas que devait être son fils disparu (!) Il commença alors à me raconter son histoire – qu’il avait envoyé son fils de 12 ans travailler et qu’il ne l’avait jamais revu depuis. Il était persuadé que son fils avait été kidnappé, certainement par des trafiquants.

Après avoir encaissé le choc de cette nouvelle, je lui ai demandé davantage de détails – une photographie, l’épellation du prénom de son fils. Il ne pouvait répondre à rien de cela (étant illettré et n’ayant jamais pris de photo). Puisqu’il était obligé de travailler pour subvenir aux besoins de sa femme et de sa fille, il ne pouvait agir qu’en demandant de l’aide à ceux qu’il croisait. Il faisait cela depuis environ un an.

Savoir que cet homme n’avait pas les capacités ni même les moyens d’enquêter correctement sur la disparition de son fils était pour moi une innommable tragédie. C’est à peine s’il comprenait pourquoi ce genre d’événement se produisait, et encore moins comment.

Ce film est pour moi une tentative de réconciliation du rapport, extrêmement complexe, que j’entretiens avec le vécu de cette situation. C’est une histoire faite autant de tragédie que d’optimisme et j’espère que ce que nous avons créé à travers ce film arrive, ne serait-ce qu’un peu, à traduire la confusion, le chagrin, l’impuissance et, finalement, l’espoir que j’ai ressentis en rencontrant cet homme."

http://siddharththefilm.com

Autour du cinéma indien indépendant
"Charulata", fiche du film sur Transmettre le Cinéma
"Le cinéma indien indépendant", par Barbara Lorey de Lacharrière pour le Festival de La Rochelle 2013
"Le centenaire du cinéma indien", par Amandine d'Azevedo pour le Festival de La Rochelle 2013
"Les cinémas indiens", groupe de recherche d'enseignants de l'Université Paris 3 - Cinéma et Audiovisuel