Passager (Le)

Iran (1974)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

École et cinéma 2007-2008

Synopsis

Gassem au grand désespoir de ses parents, et plus particulièrement de sa mère et de sa grand-mère, préfère passer son temps dans les rues à jouer au football avec ses copains d’école au lieu de rester à la maison faire ses devoirs. L’enfant s’est mis dans la tête d’aller voir jouer à Téhéran l’équipe nationale de football. Pour cela, il lui faut de l’argent et Gassem avec la complicité de son ami Akbar, est prêt à tout pour l’obtenir…

Générique

Titre original: Mossafer
Réalisation : Abbas Kiarostami
Scénario : Abbas Kiarostami
Image : F. Malekzadeh
Son : F. Malekzadeh
Montage : Amir Hassan Hami
Production : Institut pour le développement intellectuel des enfants et jeunes adultes
Noir et blanc
Durée : 1 h 11
Interprétation
Hassan Darabi / Gassem
Massoud Zandbegleh / Akbar

Autour du film

Kiarostami aime le cinéma comme son jeune héros aime le foot. Une croyance butée, obstinée dans la capacité de la caméra à transmettre la beauté et la laideur, la réalité et le rêve, la tendresse et la méchanceté. Pas besoin d’effets ni d’astuces de scénario, encore moins de budget faramineux : sur une trame minimale, à un cinéaste « de race » il suffit de regarder.
Il invente ainsi un noir et blanc tour à tour délicat comme un arpège de gris ou infernal de noirceur. Il impose un montage au plus exact des rythmes de la vie. Il transmet un langage vivant et familier malgré toutes les distances, qui se joue du sous-titrage incomplet, de la musique trop littérale. A notre tour, il suffit de regarder.
Jean-Michel Frodon / Le Monde 24 janvier 1992

Il s’agit de croire à ce qui se passe devant la caméra. On ne peut croire à certains événements que si on les montre en plan général et en plan long, en évitant les coupes. Je pense que si je ne crois pas, en tant que réalisateur, à ce qui se passe devant mes yeux, les spectateurs n’y croiront pas non plus. Parfois, il est question de technique mais il ne faut jamais oublier de laisser sa vraie place à la sensation. J’écris à l’avance une base pour mes scénarios, puis de nouveaux éléments interviennent sur le tournage. La part d’improvisation est importante.”
Abbas Kiarostami

Ce désir de spectateur qui porte Gassem vers la ville se nourrit d’un monde d’images : les équipes de football et les joueurs qui ornent le kosque à journaux, la revue de sport qu’il achète, les photos des joueurs accrochées au mur de sa chambre. Gassem veut voir de ses propres yeux ces photographies bouger.Une traversée du miroir qui le pousse à découvrir de l’autre coté la réalité dont se souviennent ces images qui le font rêver. Le voyage de Gassem, tel que le film Kiarostami, est aussi l’histoire d’un enfant cinéphile qui, en cachette, à la tombée de la nuit, irait au cinéma. Sauf qu’au bout du voyage, Gassem découvre l’écran blanc de son rêve, la dure surexposition de la lumière du jour qui le prive à son réveil des images attendues. Gassem, à l’heure du match, entre deux fois dans le stade. La première fois il arrive trop tôt. La seconde, trop tard. Il a donc payé sa place pour voir et, comble de malchance, il n’a rien vu. De la même façon que les enfants de l’école ont payé davance une photographie qu’ils n’auront pas, même si Kiarostami, beau joueur, s’empresse, à la faveur de la supercherie de Gassem, de leur offrir sur le champ l’image à laquelle ils ont droit. La déambulation de Gassem, à la périphérie du stade, en attendant son match, est le plus beau moment du film. L’enfant est en roue lire. Il a enfin son billet en poche et son voisin de tribune lui garde sa place. Il n’a plus de souci à se faire. Il flâne, regarde autour de lui. On le voit même, unique fois du film, sourire à la vue de sportifs amateurs. Ephémère moment d grâce où on découvre ainsi Gassem se socialiser pour rien, juste pour le plaisir de parler à son voisin de stade, à l’ouvrier dans la salle omnisports, au gosse à la piscine, alors qu’on la vu jusqu’ici se socialiser par intérêt, dans l’unique but de réunir’ l’argent pour son match…

Charles Tesson / Cahiers du cinéma 493 – juillet août 1995

Outils

Films

Abbas Kiarostami, vérités et songes de Jean-Pierre Limosin
Close up Long Shot (Sujet) de Mahmoud Chokrollahi,Moslem Mansouri
Cinéma, une histoire de plans (Le) de Alain Bergala
Kid (The) - Avec la participation d'Abbas Kiarostami de Alain Bergala