Max et les Maximonstres

États-Unis (2009)

Genre : Fantastique

Écriture cinématographique : Fiction

École et cinéma 2017-2018

Synopsis

Max, un garçon sensible et exubérant, se sent incompris chez lui. Après avoir été, une fois de plus, envoyé au lit sans souper, il s’enfuit de la maison familiale et, au terme d’un périple, atterrit dans un pays peuplé de mystérieuses et étranges créatures aux émotions sauvages et aux actions imprévisibles. Ces Maximonstres attendent un chef, qui sera capable de les diriger. Max, lui, rêve d’un royaume sur lequel étendre son pouvoir. Couronné par les Maximonstres, Max monte sur le trône sans se douter des aventures qui l’attendent…

Distribution

Humains
Max Records : Max
Pepita Emmerichs : Claire
Max Pfeifer : Un ami de Claire
Madeleine Greaves : Un ami de Claire
Joshua Jay : Un ami de Claire
Ryan Corr : Un ami de Claire
Catherine Keener : Maman (Constantine)
Steve Mouzakis : Professeur
Mark Ruffalo : Le petit ami

Voix des Maximonstres
James Gandolfini (VF : Paul Borne) : Carol (voix)
Paul Dano (VF : Donald Reignoux) : Alexander (voix)
Catherine O’Hara (VF : Martine Meiraghe) : Judith (voix)
Forest Whitaker (VF : Emmanuel Jacomy) : Ira (voix)
Chris Cooper (VF : Mathieu Buscatto) : Douglas (voix)
Lauren Ambrose (VF : Charlotte Gainsbourg) : KW (voix)
Michael Berry Jr. : The Bull (voix)
Alice Parkinson : KW (manipulation)
Sam Longley : Ira (manipulation)
John Leary et Brian La Rosa : Douglas (manipulation)
Nick Farnell : Judith (manipulation)

Générique

Titre original : Where The Wild Things Are
Titre français : Max et les Maximonstres
Réalisation : Spike Jonze
Scénario : Spike Jonze, Dave Eggers d’après le livre homonyme de Maurice Sendak
Direction artistique : Jeffrey Thorp
Décors : K.K. Barrett
Costumes : Casey Storm
Photographie : Lance Acord
Montage : James Haygood, Eric Zumbrunnen
Musique : Carter Burwell, Karen Orzolek
Production : Tom Hanks, Vincent Landay, Gary Goetzman, John B. Carls, Maurice Sendak
Sociétés de production : Warner Bros., Legendary Pictures, Village Roadshow Pictures, Playtone, Wild Things Productions
Société de distribution : Warner Bros
Durée : 1h41

Autour du film

C’est un voyage tour à tour merveilleux et terrifiant auquel nous convie Spike Jonze : se replonger dans le vieux pyjama usé de notre enfance et embarquer à travers les océans, vers le pays des choses sauvages… Adapté du chef d’œuvre de la littérature de jeunesse écrit et illustré par Maurice Sendak en 1963, Max et les Maximonstres vaut bien plus que ce que son titre pourrait laisser supposer (au pire, une production Besson au graphisme ringard et vulgaire). Where the Wild Things Are (son titre original) est tout l’inverse : une splendide méditation sur l’enfance, ses peurs et ses croyances, qui a la suprême élégance de s’adresser aux enfants et à leurs parents sans jamais insulter l’intelligence des uns ou des autres.

Réalisateur chic et un peu toc, monté un peu trop vite en épingle, Spike Jonze a trouvé dans l’œuvre de Maurice Sendak le matériau idéal pour laisser libre cours à une extrême sensibilité que ni le déjà daté Dans la peau de John Malkovich, ni le sympathique mais un poil bordélique Adaptation (ses deux premiers longs métrages) n’annonçaient. La faute sans doute à l’univers faussement foisonnant du scénariste Charlie Kaufman, monstre d’aigreur et de narcissisme puant (voir, pour s’en convaincre, l’horrible Synecdoche, New York, qu’il a écrit et réalisé). Que Jonze s’attaque à l’univers visuel très codifié de Maurice Sendak est à la fois une évidence et une surprise : les possibilités offertes par le graphisme du livre sont immenses, mais comment ne pas reculer devant la lourde tâche d’adapter un conte qui a bercé plusieurs générations depuis presque cinq décennies ?

Le résultat écrase toute appréhension et va au-delà des espérances. La première réussite de Max et les Maximonstres, c’est d’être à la fois extrêmement fidèle à l’esprit du livre tout en étant une œuvre cinématographique à part entière, terriblement personnelle. L’ouvrage de Maurice Sendak, composé de nombreuses illustrations et de seulement 338 mots, est un story-board luxueux qui pose les bases de l’univers visuel du film sans pour autant développer une trame narrative complexe. Le principe est simple : Max, un petit garçon de neuf ans, sème la pagaille dans sa maison. Sa mère, ulcérée, le punit. Pour se venger, Max embarque au pays des Maximonstres, sortes de grosses peluches aux dents acérées dont on ne sait jamais vraiment quelles sont les intentions : faire la fête avec Max, ou le manger tout cru ? Pas du genre à se démonter, le petit bonhomme se fait déclarer Roi par ses nouveaux amis velus, avant de finalement rejoindre sa chambre et sa famille.

Pas vraiment de quoi en faire un film d’1h40 et pourtant, Spike Jonze relève le défi haut la main. Devant sa caméra, Max et son entourage prennent de l’épaisseur. Avant de partir pour son monde imaginaire, Max s’ennuie (pas très) poliment dans sa banlieue cossue : batailles de neige, igloo-refuge, chien martyrisé, grande sœur en pleine crise d’adolescence, mère célibataire aimante mais débordée (sublime Catherine Keener), en train de retomber amoureuse… Le background social et psychologique inventé par Dave Eggers, fameux écrivain américain qui co-signe le scénario, pourrait considérablement alourdir le propos mais Spike Jonze procède par petites touches, démontrant d’emblée un talent certain pour dépeindre la mélancolie et la rancœur d’un enfant pas très à l’aise dans ses baskets.

La virée imaginaire (ou pas ?…) de Max au pays inconnu des Maximonstres n’aboutit jamais à la débauche d’effets spéciaux que l’on pourrait légitimement redouter. Au contraire, Jonze fait preuve d’une belle retenue : peu d’effets numériques, des décors naturels et des acteurs en costumes suffisent. La facilité avec laquelle le spectateur se laisse embarquer déstabiliserait presque : que le film sorte la même semaine en France que l’Avatar de James Cameron est plutôt ironique… Graphiquement foisonnant et paradoxalement, étonnamment dépouillé de tous les détails superflus et criards qui polluent souvent les films destinés au jeune public, Max et les Maximonstres capitalise peu sur la trogne de ses bestioles poilues et beaucoup sur leur étonnante personnalité. À la fois terrifiants et attachants, les Maximonstres sont délicieusement complexes, chacun personnifiant une partie de la personnalité de Max, ou celle de quelqu’un de son entourage (mère, sœur, prof). Pour le petit Max, devenir Roi des Maximonstres, c’est maîtriser ses peurs. Mais pour combien de temps ? Les aventures du jeune héros et de ses acolytes de fortune n’ont rien de réellement spectaculaires : jouer, dormir, se faire des câlins, se construire un foyer. Mais à travers les yeux d’un enfant de neuf ans, ce quotidien très banal prend une autre dimension. Le périple de Max ne sera pas de tout repos et les Maximonstres se révèleront bien plus ambigus que ce que leur silhouette de grosse peluche peut laisser supposer : drôles et colériques, joueurs et tristes, affectueux et agressifs.

Par Fabien Reyre, Critikat
www.critikat.com