Havre (Le)

Allemagne, Finlande, France (2011)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Collège au cinéma 2013-2014, Prix Jean Renoir des lycéens 2011-2012

Synopsis

Marcel Marx a remisé ses ambitions et ses succès d’écrivain, autant que sa vie de bohême. Il s’est installé au Havre, dans un vieux quartier, en compagnie d’Arletty, qui partage sa vie, et de sa chienne Laïka. Il gagne maintenant sa vie en cirant des chaussures à la gare. Il est témoin de la découverte par la police d’un container rempli de clandestins africains. Un enfant parvient à s’échapper. Marcel part à la recherche du gamin et, lorsqu’il l’a retrouvé, l’héberge. Le petit Idrissa veut rejoindre sa mère en Angleterre. Mais comment ? Marcel et tout le quartier vont lui venir en aide, tandis que l’ambigu commissaire Monet et un détestable voisin rôdent dans les parages.

Distribution

André Wilms / Marcel Marx
Kati Outinen / Arletty
Jean-Pierre Darroussin / Monet
Blondin Miguel / Idrissa
Elina Salo    / Claire
Evelyne Didi / Yvette
Quoc Dung Nguyen / Chang
François Monnié / l’épicier
Roberto Piazza / Little Bob, dans son rôle
Pierre Etaix / le docteur Becker
Jean-Pierre Léaud / le dénonciateur
Myriam  » Mimie  » Piazza / Mimie

Générique

Réalisaion : Aki Kaurismäki
Scénario : Aki Kaurismäki
Image : Timo Salminen
Décors : Wouter Zoon
Costumes : Fred Cambier
Son : Tero Malmberg
Montage : Timo Linnasalo
Production : Sputnik Oy [Helsinki), Pyramide Productions (Paris), Pandora Film Produktion (Köln), ZDF- Zweites Deutsches Fernsehen, Arte
Distribution : Pyramide
Durée : 1h38
Sortie en France : 21 décembre 2011

Autour du film

Aki Kaurismäki est de ces voyageurs qui retrouvent à chaque destination ce qu’ils ont laissé derrière eux. Au Havre, il s’est installé dans le décor d’Auguste Perret, l’architecte qui reconstruisit la ville après la seconde guerre mondiale, dans l’histoire d’un port façonné par la guerre et le commerce. Il l’a peuplé d’une humanité laborieuse, où l’on retrouve des figures familières : André Wilms, Kati Outinen, Jean-Pierre Léaud.

Comme il est question d’immigrés clandestins, de dénuement et de cancer, on redoute un instant qu’Aki Kaurismäki ne soit en proie à un accès de mélancolie, comme celui qui a donné Les Lumières du faubourg (2006), son dernier film en date, exemple parfait de désespoir politique et cinématographique. Mais les éclats de rire qui vous secouent bientôt rassurent sur le caractère du film. Au pessimisme ambiant, Aki Kaurismäki oppose le burlesque et la solidarité de classe.

D’ailleurs, son héros porte le patronyme des plus illustres représentants de ces deux valeurs. Comme Groucho et Karl, il s’appelle Marx, Marcel Marx. Il a le visage en lame de couteau d’André Wilms et sa diction impeccable. Il exerce le métier désuet de cireur de chaussures en gare duHavre.

C’est un filou, à la Charlot, toujours prêt à chaparder et à se carapater. Il vit dans une petite maison avec sa douce, qui répond au joli nom d’Arletty, même si elle ressemble à s’y méprendre à Kati Outinen.

Cette existence précaire est bouleversée par la maladie d’Arletty, qui se déclare le jour même où un jeune immigrant africain, Idrissa (Blondin Miguel, au regard mélancolique), échappe à la police et finit par se réfugier chez Marcel Marx.

Monde nostalgique

Ce qui attire l’attention du commissaire Monet. En l’espace de quelques jours, Jean-Pierre Darroussin, qui incarne le policier tout de noir vêtu, passe ainsi de Jean Valjean (ange tutélaire de son personnage dans Les Neiges du Kilimandjaro, de Robert Guédiguian, montré lors d’Un certain regard) à l’inspecteur Javert. Idrissa trouve asile non seulement auprès de Marcel, mais aussi de tout le quartier.

Aki Kaurismäki ne raconte pas autre chose que Philippe Lioret dans Welcome (2009). Il montre même, sur un écran de télévision, des images de la destruction de la « jungle » de Calais, le 22 septembre 2009, où s’étaient regroupés les demandeurs d’asile. De cette réalité, il entreprend de faire un monde enchanté et nostalgique.

Cet enchantement tient à l’architecture du Havre, aux vieilles voitures (le commissaire Monet roule en R16) et, surtout, à une manière de faire du cinéma étroitement liée aux origines de l’art. Ses plans fixes, ses panoramiques méthodiques induisent une géométrie du monde légèrement dérangée par un sens permanent de l’absurde.

Les policiers des frontières qui pourchassent Idrissa ont ainsi l’honneur de devenir les descendants directs des Keystone Cops qui poursuivaient Mack Sennett, et la pauvre Arletty, assaillie par la maladie, est l’héroïne d’un mélodrame hollywoodien des années 1920.

C’est sans doute cette parenté avec le cinéma muet qui permet à Kaurismäki de se tirer d’une situation souvent fatale. Les films se remettent mal d’avoir été réalisés par des cinéastes qui ne parlent pas la langue de leurs acteurs. Ici, Darroussin, Wilms, Evelyne Didi (en boulangère au cœur d’or), s’emparent de dialogues minimalistes pour en tirer tout le parti comique qu’ils recèlent.

Il suffit enfin d’un peu de musique pour que cette fête de la résistance à la fatalité soit complète. Kaurismäki est allé chercher des chansons de Damia et, dans le quartier du Havre où il tournait, il a rencontré Little Bob, légende du rock havrais (et français) qui tient un petit rôle et chante une chanson à la gloire de son père, immigré italien. En noir et blanc, en couleurs, à trois ou à quatre temps, Aki Kaurismäki ne baisse pas les armes.

Thomas Sotinel / Le Monde 14 avril 2011

Vidéos

Le clandestin

Catégorie :

Le film traite de la relation entre un vieil homme du Havre et un jeune passager clandestin Africain qui veut aller en Angleterre. La séquence analysée se déroule dans le premier quart d’heure du film.


Analyse : Stéphan Krezinski
Réalisation : Jean-Paul Dupuis

Le concert de solidarité

Catégorie :

Marcel veut faire passer Idrissa, jeune Africain clandestin, en Angleterre.  Il a l’accord d’un bateau, mais doit trouver 3000 euros qu’il n’a évidemment pas.


Analyse : Stéphan Krezinski
Réalisation : Jean-Paul Dupuis

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