I’m not a Witch

Allemagne, Angleterre, France (2017)

Genre : Drame

Écriture cinématographique : Fiction

Collège au cinéma 2021-2022

Synopsis

Shula, 9 ans, est accusée de sorcellerie par les habitants de son village et envoyée dans un camp de sorcières. Entourée de femmes bienveillantes, condamnées comme elle par la superstition des hommes, la llette se croit frappée d’un sortilège : si elle s’enfuit, elle sera maudite et se transformera en chèvre… Mais la petite Shula préfèrera-t-elle vivre prisonnière comme une sorcière ou libre comme une chèvre ?

Distribution

Maggie Mulubwa : la petite Shula
Henry B.J. Phiri : M. Banda, l’agent du gouvernement
Nancy Murilo : Charity, la femme de Banda
Nellie Munamonga : Josephine, la policière
Margaret Sipanella : Mama
Dyna Mufuni : le chef
Gloria Huwiler : la touriste au téléphone
Chileshe Klimamukwento : le témoin
Travers Merrill : le fermier
Victor Phiri : le guide touristique

Générique

Réalisation : Rungano Nyoni
Scénario : Rungano Nyoni
Directeur de la photographie : David Gallego
Montage : George Cragg, Yann Dedet, Thibault Hague
Son : Maiken Hansen, Olivier Dandre
Décor : Nathan Parker
Durée : 1h33

Autour du film

Entretien avec Rungano Nyoni

I AM NOT A WITCH est votre premier long-métrage, comment vous est venue l’idée de faire ce lm ?
C’est toujours très difficile de déterminer d’où vient un lm exactement. Un jour, on m’a parlé du conte « La chèvre de Monsieur Seguin ». Cette nouvelle est magnifique : elle parle d’une petite chèvre, attachée à un ruban, qui rêve de parcourir les montagnes. Ça parle de liberté et du prix pour y accéder. C’est devenu une grande inspiration pour moi, tout au long du processus d’écriture.

Vous avez été résidente de la Cinéfondation du Festival de Cannes. Quel a été l’impact sur votre travail d’écriture ?
Ce qu’il y a de formidable avec la Cinéfondation, c’est qu’on y est totalement libre : le réalisateur n’a aucune obligation de délivrer un scénario. Nous avons un espace et du temps à consacrer à notre projet, ce qui est un grand luxe en soit. Le festival de Cannes est souvent associé au glamour et on ne se rend pas compte de leur travail de fond pour soutenir et promouvoir la création, dès les premiers pas.

Comment avez-vous trouvé votre comédienne principale, la petite Margaret Mulubwa qui interprète Shula ?
Un pur hasard ! Mon mari faisait des repérages pour trouver les décors. A cette époque, nous voulions tourner sur une péninsule du Nord de la Zambie. Il a pris quelques photos d’elle car elle était sur les décors pressentis. Quand j’ai vu les photos, j’ai pensé que c’était peut–être une petite Shula. Puis, des mois après, nous avons finalement décidé de tourner le lm entièrement à Lusaka. J’y ai auditionné près de 900 enfants et je n’arrivais à être convaincue par aucun d’eux. Et tout le temps me revenait en mémoire cette photo au bord du lac de cette petite lle dont je ne savais rien. Nous avons parcouru plus de 5000 kilomètres pour la retrouver ; nous avons montré la photo à tous les chefs de villages alentours. Un d’eux l’a identifiée et nous sommes venus la chercher. J’ai fait un essai avec elle et 3 autres enfants que j’avais pré-sélectionnés. Je n’ai pu la quitter des yeux de toute l’audition.

Vous avez étudié la direction d’acteur à Londres, est-ce que cela vous a aidée à travailler avec les acteurs de votre lm dont la plupart sont des non-professionnels ?
Mon approche des acteurs, tout particulièrement lorsqu’ils sont non-professionnels, est de leur donner le plus de liberté possible, a n qu’ils fassent leur propre choix. Je ne leur dis pas quoi faire et ils ne doivent pas lire le scénario. Ils sont juste au courant de l’histoire. Nous faisons des petits jeux d’improvisation à partir de situations données. Je travaille à ce qu’ils fassent leurs propres choix d’action, de façon délibérée et naturelle. J’ai appliqué cette méthode à tous les comédiens du lm, y compris Maggie.

Votre film est une satire et comporte des moments très drôles, et ne ressemble pas à la plupart des films africains qui arrivent jusqu’à nous. Avez-vous eu du mal à trouver du soutien pour le faire ?
Les films africains que nous voyons dans les festivals internationaux sont souvent le reflet du type de films qui sont largement soutenus. Cela crée une spirale d’uniformisation car les financeurs cherchent parfois la sécurité. Alors que la production africaine locale est par ailleurs beaucoup plus absurde et expérimentale qu’on ne puisse l’imaginer. Lorsque vous proposez un lm différent, vous avez à convaincre les financiers de soutenir un type d’humour dont ils n’ont pas l’habitude et avec lequel ils se sentent parfois même très inconfortables. Heureusement, de mon côté, j’ai eu la chance d’être soutenue malgré tout.

Est-ce que ces camps de sorcières existent en Zambie ou en Afrique, à quel point votre lm est proche de la réalité ?
Les camps de sorcières existent en Zambie et en Afrique en général, mais sous des formes très variées. La croyance en l’existence des sorcières est omniprésente et se manifeste sous de nombreux aspects. Mais mon lm est un pur conte. Il n’est en aucun cas calqué sur la réalité. Si j’avais fait un lm réaliste, j’aurais dû montrer les mauvais traitements et les sévices que ces femmes subissent.

Comment s’est passé le tournage en Zambie ?
L’enjeu d’une production comme celle-là est d’assimiler la culture et la manière de travailler de chacun. Vous devez avoir une capacité d’adaptation et une attitude ouverte, si vous voulez en tirer le maximum. L’industrie du cinéma zambien est encore très embryonnaire. Mais cela n’empêche pas un véritable enthousiasme ! Le manque d’expérience ne m’a jamais fait peur, si il y a la volonté d’apprendre. Par exemple, nous avons embauché la manager d’un hôtel pour commencer le casting, alors qu’elle n’avait aucune expérience en la matière. Il a fallu juste quelques heures pour que je lui explique de quoi il s’agissait, et elle a compris et fait le travail très bien et très vite.

Faire ce premier long-métrage a été pour vous une rupture ou bien la continuité de votre travail en courts-métrages ?
Je croyais que faire un long-métrage serait comme faire un court, mais en plus long. Mais ça n’a rien à voir ! Il faut déployer une endurance incroyable pour arriver à en voir le bout. Certaines choses que j’avais apprises en tournant mes courts ont été bénéfiques, d’autres moins.

Comment avez-vous vécu la première au festival de Cannes ? Le lm sera-t-il montré en Zambie ?
C’est toujours un honneur de montrer son film à Cannes, mais je pense que j’étais trop nerveuse pour vraiment en pro ter ! Je ne sais pas encore quand, ni comment, mais je suis très impatiente de montrer le lm en Zambie.

Vidéos

Outils

« La véritable monteuse, c’est Rungano Nyoni » : entretien avec Yann Dedet

Catégorie :