Chasse au lion à l’arc (La)

France (1965)

Genre : Documentaire

Écriture cinématographique : Documentaire

Archives CAC, Collège au cinéma 2020-2021

Synopsis

À la frontière du Niger, du Mali et de la Haute-Volta (Burkina Faso), vivent les derniers Gow, les derniers chasseurs de lion à l’arc. C’est le « pays de nulle part », la brousse qui est plus loin que loin, au-delà des villages sédentaires, où, autour de mares incertaines nomadisent les grands bergers Peuls ou Bella. Les boeufs et les lions vivent en contact étrange : les meilleurs pâturages sont justement les brousses à lion, où chaque nuit les fauves disputent aux troupeaux la capture des bêtes les plus faibles. Sélection naturelle qu’un lion bouscule parfois en tuant pour le plaisir de tuer. Alors les bergers font appel aux chasseurs Gow.

Générique

Réalisateur : Jean Rouch, assisté de Damouré Zika
Son : Idrissa Meiga et Moussa Hamidou
Montage : José Matarasso et Dove Hoenig
Production : Pierre Braunberger
Société de production : Les films de la pléiade, Paris
Pays : France
Tourné entre le Niger et le Mali
Durée : 77 minutes
Sorti en 1967 , France

Récompenses
Le film reçoit le lion d’or de la Mostra de Venise en 1965.

Autour du film

« L’auteur Jean Rouch se laisse approcher à travers l’observation des principes et des pratiques mis en œuvre dans les tournages de ses films. Ces principes et pratiques ressortissent aux méthodes du cinéma direct, ils sont mobilisés à des fins documentaires, ils en passent par les chemins de la fiction, ils s’inscrivent, comme on l’a vu précédemment, dans le contexte du cinéma moderne européen. C’est pour toutes ces raisons, d’ailleurs, que Rouch ne se borne pas à n’être qu’un documentariste au service d’une institution scientifique. Son premier principe, si c’en est un, consiste justement à investir d’emblée un vaste territoire du cinéma, pas simplement celui du film ethnographique, à faire jouer, en somme, son « désir de cinéma » par-delà les nécessités scientifiques et les contraintes institutionnelles variées. Ainsi, tout en alimentant les problématiques de l’anthropologie moderne, Rouch construit en toute conscience une œuvre de cinéma, et cela seul contribue déjà à le singulariser comme ce fut le cas, avant lui, pour Dziga Vertov ou Jean Vigo. Ses films sont traversés par une conception du cinéma et des idées en cinéma qui s’exercent dans la plupart d’entre eux, même dans les quelques films publicitaires qu’il a réalisés en Afrique.

Or, dans la profusion des films, quelques-uns, éventuellement plus marquants que les autres, apportent à l’appréciation de toute l’œuvre une moisson suffisante de traits caractéristiques. Certains ont déjà été évoqués ou nommés : Les Maîtres fous, Moi, un noir, Jaguar, La Pyramide humaine, Chronique d’un été, La Punition, Gare du Nord, La Chasse au lion à l’arc, Petit à Petit, Cocorico ! Monsieur Poulet, Dionysos. Ils sont les « grands » films de Rouch, en tous cas les plus connus du public cinéphile, celui de la Cinémathèque française notamment. D’autres sont plutôt familiers aux habitués du Musée de l’Homme et de l’université de Nanterre. Ce sont surtout les documentaires à vocation ethnographique et plus particulièrement ceux qui forment des cycles, tels les quatorze Yenendi, ou les onze Sigui réunis en fin de parcours en un Sigui Synthèse au sous-titre mémorable : Commémoration de l’invention de la parole et de la mort.

En fait, il faut peu de temps à Rouch pour que l’art du cinéma s’affirme dans ses films comme une puissance créatrice. Celle-ci se manifeste dès lors qu’il charge sa propre voix de « dire » le monde que les images figurent et que, conjointement à ce processus oral, la caméra est visiblement soumise aux aléas du corps qui la porte, celui du cinéaste en personne. Les deux aspects du processus sont en place dès son deuxième film, Les Magiciens du Wanzerbé (1947). Quelque chose d’autre mûrit au fil de la réalisation des courts-métrages ethnographiques suivants : Initiation à la danse des possédés et La Circoncision en 1948, Cimetière dans la falaise en 1950 ont beau être des reportages purement documentaires, ils ont déjà le parfum de la fable. Deux facteurs concourent à cette sorte de transsubstantiation. Le premier provient de l’événement lui-même : c’est, à chaque fois un rituel, autrement dit une circonstance organisée qui connaît son début et sa fin comme dans un récit déjà écrit et qui, de surcroît, met en co-présence le passé et le présent. Le second facteur, c’est Rouch en personne : il aime les récits narratifs et cette disposition le fait passer, dès son deuxième film documentaire, du rang de commentateur à celui de récitant. Ainsi, il est permis de penser que si sa prédilection quasiment immédiate pour les rituels naît d’une curiosité anthropologique, elle est pour une bonne part activée par ce goût inlassable de la fable qui, à son arrivée en Afrique en 1942, terre d’oralité ancestrale, a trouvé un terrain favorable pour éclore et s’épanouir. A peine dix ans plus tard, en 1951, Bataille sur le grand fleuve en porte les marques déjà irrécusables, définitives. » Jean Rouch de Maxime Scheinfeigel

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Jean Rouch, l’homme cinéma, Sous la direction de Béatrice de Pastre, spécialiste du patrimoine cinématographique et photographique, directrice des collections du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC)
http://www.somogy.fr/livre/jean-rouch-lhomme-cinema?ean=9782757212974

Jean Rouch de Maxime Scheinfeigel
https://books.openedition.org/editionscnrs/393?lang=fr