VINTERBERG Thomas

Auteur de théâtre, Réalisateur, Scénariste

Biographie

Thomas Vinterberg, né à  Copenhague, en mai 1969, voit son enfance bercée par une vie en communauté hippie chez qui certains croient voir le fondement d’une œuvre bâtie largement sur la question de la famille ( » Personnellement, j’avoue que je serais plutôt attiré par la structure familiale traditionnelle, ayant grandi dans une communauté qui l’ignorait. J’observais des familles de l’extérieur, avec ambivalence.  » énonce-t-il à  l’époque de Festen, dans son entretien pour Positif). Par ailleurs, l’aspect libertaire de cette éducation dit l’avoir poussé à  chercher des règles strictes dans la conduite de sa vie, ce qui pourrait, peut-être, expliquer son enrôlement sous la bannière Dogma 95 avec ses commandements esthétiques pour le moins rigoureux.

Vinterberg n’est pas simplement l’homme qui a fait  » voeu de chasteté  » esthétique en 1995 (c’était l’intitulé complet du texte que devaient signer les membres du programme danois afin de  » forcer la vérité à  sortir [des] personnages et du cadre de l’action « ) : il a commencé, comme beaucoup, par le court-métrage, d »ord en autodidacte (son premier date de ses dix-neuf ans), puis sous la férule de l‘Ecole Nationale du Danemark dont il est le plus jeune élève et qui a vu, dix ans auparavant, Lars von Trier sur ses bancs. Son film de fin d’études qui, de son aveu, entreprend, comme Festen de parler de  » l’adieu aux personnes les plus importantes de notre vie  » (ibid.) , Dernier tour reçoit le Prix du Jury et des Producteurs au Festival International du Film Etudiant de Munich, puis le Premier Prix de Tel Aviv, avant d’être nominé pour l’Oscar du Meilleur Court-Métrage en 1994. La même année, il réalise le téléfilm Slaget paa Tasken pour DRTV (Danish Broadcasting), puis le court-métrage Le Garçon qui marchait à  reculons, primé un peu partout dans le monde (Nordisk Panorama en Islande, Festival du Court-Métrage à  Clermont Ferrand, Festival International du Film de Toronto) et qui aborde déjà  le portrait de famille, mais sous un versant singulier ( » Dans Le garçon qui marchait à  reculons, je décris une famille apocalyptique à  Copenhague, qui rappelle l’aspect communautaire que j’ai vécu  » (ibid.) ).

Son premier long-métrage, Les héros, road-movie sombre qui voit Thomas Bo Larsen et Ulrich Thomsen (les deux futurs frères de Festen) partir sur les routes pour sauver l’innocence d’une petite fille, est un échec public (le film n’est sorti en France qu’en 2000 : on l’a vu récemment sur Arte). Vinterberg entreprend alors la première œuvre estampillée Dogma 95 dont il est, avec Lars von Trier, devenu son ami, un des responsables : ce sera Festen dont le prix cannois et la renommée internationale l’installent dans un fauteuil d’auteur rentable appelé, de fait (comme Lars von Trier) par les Etats-Unis. Là , il décide de tourner radicalement le dos aux préceptes qui étaient contenus dans la charte danoise pour réaliser avec Joaquim Phoenix, Clare Danes et Sean Penn It’s all about love, fable de science-fiction qui se décline aussi en film d’amour. Avec un désarmant aplomb, Vinterberg justifie son parti pris comme la continuation de Dogma 95 par d’autres moyens ( » Après l’hystérie provoquée par Festen, j’étais dans une situation un peu problématique. Que faire après un film Dogme ? Et bien strictement l’inverse. Le Dogme exige que la caméra soit toujours portée, et que le tournage ait lieu en extérieurs, là  où se situe l’action ; dans It’s all about Love, j’allais mettre ma caméra sur un pied ou une dolly, j’allais faire construire des décors, et travailler en studio. (’85) Cela dit, être en contradiction avec le Dogme,c’est aussi être en accord avec lui : parce que le Dogme pousse sans cesse à  innover. D’une certaine façon, c’est une drogue : toujours aller plus loin, toujours faire le contraire de ce qu’on vient de faire. On devient accro à  ça.  » déclare-t-il dans le DVD du film). Il continue dans cette voie du romanesque assumé avec Dear Wendy écrit par von Trier (l’auteur de Dogville explique qu’il ne l’a pas réalisé parce qu’il ne se considère pas assez comme un auteur réaliste :  » Au départ, j’avais écrit ce film pour moi, mais je trouvais important qu’il ait un ton réaliste sans lequel le côté dangereux serait gommé. J’ai donc demandé à  Thomas de réaliser parce qu’il était à  même d’apporter ces absurdités du réalisme. Il est très doué pour les détails  » dit-il dans le dossier de presse du film), qui tente de rejoindre le territoire de Gus Van Sant et de Larry Clarke dans sa peinture d’un adolescence quelque peu bouleversée, alliée à  une réflexion sur la culture de l’arme à  feu.

Filmographie

  • 1990 Sneblind
  • 1993 Last Round (Sisdte omgang)
  • 1993 Slaget paa tasken
  • 1994 Le garçon qui marchait à reculons (moyen métrage) (Drengen der gik baglæns)
  • 1998 Festen : fête de famille (Festen (Dogme I)
  • 2000 Les Héros (Die storste helte)
  • 2000 No Distance Left To Run (vidéo pour The Best of Blur)
  • 2000 D-dag (TV)
  • 2000 The Third Lie
  • 2001 D-dag (TV)
  • 2003 It's all about love
  • 2005 Dear Wendy
  • 2010 Submarino
  • 2012 La Chasse (Jagten)

Mise à jour le 27 octobre 2014

Outils

  • BibliographieEntretien avec Thomas Vinterberg, Tobin, Yann, Positif n°455, janvier 1999(à l'occasion de la sortie du film).
  • Webographiecommeaucinema.com, (site pas vraiment pédagogique mais qui propose des interviews du réalisateur suivant chacun de ses films).Films
    dans le catalogue Images de la culture
    Etre présent de Christian Argentino