Pickpocket

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L’initiation : de 21 minutes 50 ( » un quart d’heure plus tard nous étions amis « ) à  23 minutes 16

Situation dans le film : Cette séquence se situe au premier tiers du film. Michel vient se faire prendre la main dans le sac par un homme rencontré dans le métro. Par prudence instinctive, Michel explique qu’il passe les jours suivants chez lui, ne sortant que le soir pour aller manger. Mais un soir, un inconnu rà´dant devant la porte de son immeuble l’en dissuade. Conduite par Jacques, Jeanne vient lui faire part de son inquiétude quand à  la santé de sa mère. Après leur départ, Michel ressort dans la rue pour faire le clair sur l’identité du rà´deur qu’il suit à  son tour jusqu’à  un café. Là  les deux hommes vont sympathiser et débute une initiation au vol à  la tire.

Analyse : une tendre initiation

La musique de LULLY, messe en ut mineur, marque cette scène comme une des étapes majeure du film. Elle intervient pour la première fois dans le film depuis le générique, et ponctura les étapes importantes du parcours de Michel dans la suite du film. Bresson ne garde aucune parole, c’est la musique qui créé l’unité de cet extrait, le cœur de la séquence (7 plans). Il ellipse la durée réelle de ce moment (la durée réelle de l’initiation est plus longue que la durée du film qui la représente) pour n’en garder que l’essence : la beauté des gestes.

La musique débute dans le deuxième plan, au moment où l’homme porte la main à  la veste de Michel pour lui dérober son portefeuille. Ce second plan est le contre champ du précédent dans lequel Michel regarde hors champ dans la direction de l’homme. Mais l’initiateur ne lui rend pas son regard : il baisse les yeux en direction du costume de Michel. La trajectoire de la caméra suit alors l’orientation de ce regard qui déplacer l’axe de jeu sous les visages. Les mains vont alors devenir centrales : elles sont les pivots autour desquelles les corps valsent.

Les gestes sont précis et gracieux (l’acteur qui joue l’initiateur était un prestidigitateur célèbre : Henri Kassagi). Dans le troisième plan, Kassagi guide la main de Michel dans son geste. Les corps s’effleurent, les gestes sont doux comme des caresses. Les fondus enchaînés mêlent sensuellement les mouvements des deux hommes jusqu’à  la fin du morceau de musique. La caméra remonte alors sur le visage de Michel en suivant la main qui porte la tasse de café à  ses lèvres. C’est la fin du moment de grâce.

Cécile Paturel, le 26 aoà»t 2008