Entrée en matière

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La première séquence de La Grande Illusion semble simplement dresser le décor et le point de départ d’une histoire qui commencerait avec l’arrivée de Maréchal et de Boëldieu au camp de Hallbach. Pourtant, Renoir ne se contente pas de présenter le trio Maréchal, de Boëldieu et von Rauffenstein, il introduit ce qui va constituer la matière même de son film. En premier lieu, ce qui structure le film de guerre, qui, jusqu’à une date récente, est avant tout un film d’hommes : l’absence des femmes comme de La Femme, désir et sentiments confondus ou se relayant. Cette frustration en rejoint une autre : la nourriture, dont l’abondance exceptionnelle désigne le manque, combien plus fréquent !

Cette séquence d’ouverture, par son découpage, donne une clé de la mise en scène de La Grande Illusion : un mouvement de va-et-vient constant entre l’isolement, la séparation des personnages et le rassemblement de certains au détriment d’autres. Français et Allemands peuvent paraître semblables, les espaces dans lesquels sont enfermés les prisonniers et leurs gardiens identiques, le temps que chacun vit également disloqué, créant l’illusion d’une fraternité, la guerre, dès la fin de cette ouverture rappelle sa présence et sa cruauté…


Analyse : Joël Magny
Réalisation : Jean-Paul Dupuis