Bouche cousue (La)

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Analyse de la scène d’ouverture de 0 à environ 1mn

Un retour sur un événement passé

Le film nous parle d’un événement qui s’est déjà déroulé. Le spectateur peut s’en rendre compte dès les premières secondes du film, grâce au son et à la façon de filmer. Une voix off nous parle à la première personne et au passé. Le détail le plus troublant et qui précède l’arrivée de la voix du personnage est le premier mouvement de caméra. Le film s’ouvre avec un plan fixe sur le titre qui figure sur un mur. Puis, après quelques secondes, la caméra effectue un travelling sur la gauche. Il est assez lent, nous suivons le mur qui mène à une route. Il est assez rare qu’un film commence avec un travelling vers la gauche. Ce mouvement semble signifier que nous effectuons un retour dans le passé. Le cinéma nous habitue à des codes de narration. Le travelling vers la droite qui correspond au sens de lecture occidental, signifie que nous allons de l’avant. Il est donc plus habituel de commencer une histoire en commençant avec un mouvement de la caméra vers la droite (par exemple le début de History of Violence de David Cronenberg).


Identification du narrateur

Il y a de la circulation. Des voitures et un bus. Le spectateur sait que le personnage se trouve dans le bus grâce au rythme du travelling, qui s’accorde à la vitesse du bus. Les voitures vont plus vite ou plus lentement (certaines prennent une autre direction). Autre indice, le début de la narration sonore coïncide avec l’apparition du bus. Nous pouvons également remarquer que le bus se démarque grâce à sa teinte jaune/ocre (toutes les voitures sont marron).Nous nous retrouvons ensuite à l’intérieur du bus. Nous ne voyons qu’une petite partie de ses occupants. Un travelling avant nous permet de découvrir le narrateur. Il ne dit rien, n’a pas de signe distinctif, mais il nous est clairement désigné par le mouvement de caméra, qui s’arrête sur cet homme et le cadre en gros plan.


Un personnage mystérieux

L’identification de l’homme à la pizza est différente. En effet, cet individu ne nous est pas dévoilé tout de suite. Afin de créer une attente, les réalisateurs jouent sur le montage et le cadrage. Notre curiosité est attisée par le regard du narrateur qui semble intrigué par quelque chose. Il regarde par la fenêtre en penchant la tête. Le plan suivant ne dévoile qu’une partie de ce que voit le protagoniste. Nous ne découvrons que la main d’un individu filmée en gros plan. Il semble appeler le bus. Le spectateur ne voit donc qu’une toute petite fraction de cet homme. Nous sommes trop prêt. Le plan suivant joue sur l’opposition de cadrage. C’est un plan d’ensemble. Nous découvrons, de loin, le bus qui arrive à la portée de l’homme mystérieux qui attend. Cependant nous n’apercevons que sa silhouette, qui est très vite cachée par le bus qui s’arrête. Un dernier plan de transition avant la découverte du personnage nous fait encore patienter. Nous sommes dans le bus et nous voyons la main du chauffeur éditer un ticket de transport en gros plan. Le montage est assez rapide, ce qui rompt avec la lenteur des travellings précédents. La mise en scène permet de créer un mystère autour de cet homme qui va troubler le narrateur. La musique participe aussi au suspense car elle monte crescendo lorsque le narrateur regarde par la vitre et s’arrête avant l’apparition progressive de l’homme à la pizza.