Bled Number One

Catégorie :

Le bain de mer : 01’€™03″25 à  01’07″40

Situation de l’extrait

Envoyée à  la mer sur les conseils du taleb, Louisa va accomplir un rituel censé chasser le mal et guérir son mal être.

Analyse : Mise à  distance, mélancolie et correspondance

Cette séquence est pratiquement muette, mais pas sourde. Pendant les quatre minutes de sa durée, nous n’entendons pas ce que disent les personnages. Pourtant, ils dialoguent à  l’écran. Mais le réalisateur a fait le choix de recouvrir leurs paroles par le bruit des éléments naturels. Le ressac des vagues et les cris des mouettes occupent à  tel point le premier plan sonore que les échanges entre Kamel, Louisa, et les deux autres femmes sont inaudibles. L’action est ainsi gardée à  distance.

La caméra (et donc le spectateur) reste sur la plage pour filmer les personnages qui se trouvent dans l’eau. Ce sont les corps, leurs gestes, les visages, qui importent ici, pas ce que les personnages se disent. Cette mise à  distance (pas de champ/contrechamp : nous ne nous retrouvons à  aucun moment « entre » les personnages) favorise la réflexivité qu’induit le décor. En effet, l’échelle du premier plan, un plan large, donne de l’importance à  l’épave du bateau rouillé qui remplit le cadre, et propage un spleen diffus.

Jamais la correspondance entre Kamel et Louisa n’a été aussi claire que dans cet extrait où les 4e et le 6e plan, les présentant, l’un après l’autre, établit un fort rapport d’analogie entre ces deux personnages. Ils sont non seulement tous deux isolés du monde par une très faible profondeur de champ mais également  dans le dernier tiers de l’écran. Femme et homme, ils sont deux versants d’une même identité.

Cécile Paturel, le 26 août 2008