Abouna (Notre Père)

Catégorie :

Chapitre 7, de 53’27 à  54’35 : le poster

Dans cette séquence, le désir des deux garçons se concrétise et prend vie à  l’écran sous la forme d’une projection. Tahir et Amine font une expérience cinématographique.

Dans le premier plan, Tahir et Amine sont représentés de dos, en spectateurs du poster offert par leur père. Le plan suivant les montre en plan serré : ils sourient en regardant le poster situé maintenant hors champ|75 tandis que la bande son nous donne à  entendre le bruit des vagues. Le troisième plan est le contre-champ|31 du précédent (on nous montre ce que les personnages regardaient dans le 2e plan) mais cette fois ci, le poster est montré en plein écran : on ne voit plus le cadre qui le délimitait tout à  l’heure. Nous avons donc l’impression que les garçons partagent physiquement cet espace de bord de mer, d’autant plus que nous sommes passés du plan 2 au plan 3 grâce à  un raccord son : le bruit de la mer.

Le cri des mouettes et du ressac des vagues sont maintenant au premier plan sonore alors que la caméra zoome|166 lentement sur l’image. Ce mouvement de caméra est très parlant : zoomer (= travelling optique), c’est rapprocher un objet sans avoir à  bouger de sa place, sans en approcher la caméra. Ainsi, ce zoom figure le désir. Il est la traduction cinématographique du désir des deux enfants d’entrer dans l’univers de leur père, de pénétrer l’écran où il est enfermé (cf. la séance de cinéma où leur père apparaît à  l’écran, et semble s’adresser à  eux quand, regardant la caméra, il dit :  » bonjour les enfants, ça va ? « ). Un fondu enchaîné réalise brièvement ce désir : la photographie s’anime, les vagues bougent un court instant avant de se figer sous la main qui tente de vérifier sa matérialité. Mais, pure projection, l’image de cinéma reste impalpable.