Prix Jean Renoir

Soy Nero

Allemagne, France, Mexique (2016)

Genre : Drame

Écriture cinématographique : Fiction

Prix Jean Renoir des lycéens 2016-2017

Synopsis

Nero a 19 ans, il a grandi aux Etats-Unis puis s’est fait déporter au Mexique. 
Etranger dans le pays de ses parents, il est décidé à repasser la frontière coûte que coûte.
Il parvient enfin à retrouver son frère, Jesus, qui vit à Los Angeles.
Pour échapper à la vie de misère à laquelle le condamne sa condition de clandestin, sa dernière chance pour devenir américain est de s’engager dans l’armée. Nero rejoint le front des green card soldiers.

Distribution

Johnny Ortiz : Nero
Darrell Britt-Gibson : Compton
Aml Ameen : Bronx
Ian Casselberry : Jesus, le frère de Nero
Rosa Isela Frausto : Mercedes
Rory Cochrane : Sgt. McCloud
Khleo Thomas : Mohammed
Michael Harney : Seymour
Joel McKinnon Miller : Sgt. Frank White
Alex Frost : Beverly Hills Police Officer
Richard Portnow : Murray
Kyle Davis : Armstrong
Dennis Cockrum : U.S Consulate Official
Chloe Farnworth : Freedom
Pollyanna Uruena : Enterprise
Richie Stephens : MP1
LynNita Ellis : Heartless Driver
Chala Savino : Hillary
Roger Lim : Garage Client
Kevin Ketcham : MP2
Michael DiBacco : Ward Officer
Derrick White : Milton
Edgar Coronel : Agent Alvarez
Jacob Alsbrook : Mr. Jones
Veronica Ruthie Sigel : Bee Girl
Jon Mahlow : Cop
Aquiles Medellin : Boy Fence
Karen Figueroa : Girl Fence
Andrea Rodríguez : Widow
Vladimir Zamudio : Emilio

Générique

Scénario : Razvan Radulescu, Rafi Pitts
Image : Christos Karamanis, GSC
Costumes : Alexis Scott
Musique : Rhys Chatham
Production : Twenty Twenty Vision, Senorita Films
Durée : 2h

Autour du film

Parcours singulier et nomade que celui de Rafi Pitts, cinéaste iranien exilé en France et en Europe, auteur d’un beau portrait d’Abel Ferrara (Abel Ferrara, Not Guilty), d’un superbe thriller iranien (The Hunter) et maintenantd’un film de frontière américano-mexicain. Soit un territoire de fiction déjà bien labouré par le cinéma, la littérature et même le rock.

Ainsi, on reconnaît le désert parsemé de cactus et de migrants, écrasé de chaleur, le mur barbelé de la frontière… tout un matériau très western contemporain où les Mexicains et autres Latinos sont les Indiens d’aujourd’hui (mais ce schéma est bien sûr transposable sous toutes les latitudes, de la Palestine à la Syrie en passant par l’Europe).

L’apport original de Pitts consiste à filmer un personnage aussi écartelé que lui par-delà les lignes de frontière. Nero est d’ascendance mexicaine mais a grandi en Californie, puis a été refoulé au Mexique. En voulant repasser la frontière vers le nord, il ne fait que vouloir regagner son pays de droit du sol. Il se sent étranger dans son pays de “sang” mais est considéré comme un étranger dans son pays de résidence.

Absurdité kafkaïenne
Après plusieurs péripéties, il est engagé dans l’armée américaine. Il se retrouve ainsi en uniforme, légalement armé, sous la bannière étoilée, dans la position de ceux qui l’ont chassé et ont chassé ses parents et conationaux. Mais l’armée américaine n’est pas étanche aux tensions de la société : le racisme y a également cours et même dans ce supposé sanctuaire sacré des serviteurs de la nation, on peut se retrouver indésirable en raison de sa couleur de peau.

Par le biais des codes classiques du road-movie et du western, Rafi Pitts raconte une histoire très personnelle mais qui a valeur universelle au temps des Trump, Orban, Sarkozy, quand même un gouvernement censé être de gauche propose un traitement légal différent pour les binationaux. Pitts et son alter ego Nero soulignent avec l’élégance d’une fiction l’absurdité kafkaïenne de l’excès juridique et policier en matière de frontières.

Par Serge Kaganski, Les Inrocks
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