Ponette

France (1996)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Fiction

Archives EEC, École et cinéma 2006-2007, École et cinéma 2022-2023

Synopsis

Ponette a quatre ans lorsque sa mère meurt accidentellement. Cette absence lui est insupportable. Elle lui parle, elle l’attend, elle la cherche avec une certitude, un entêtement de plus en plus grand. Personne ne pourra la convaincre de ne pas la retrouver.

Générique

Réalisation : Jacques Doillon
Scénario : Jacques Doillon
Image : Caroline Champetier
Musique : Alain Sarde
Son : Jean-Claude Laureux, Dominique Henniequin
Décor : Henri Berthon
Montage : Jacqueline Lecompte
Production : Les films Alain Sarde, Rhône-Alpes Cinéma
Distribution : Bac Films
Couleur
Durée : 1 h 37
Interprétation
Victoire Thivisol / Ponette
Delphine Schiltz / Delphine, la cousine
Matiaz Bureau Caton / Matiaz, le cousin
Xavier Beauvois / le père
Léopoldine Serre / Ada
Claire Nebout / la tante
Marie Trintignant / la mère

Autour du film

Interprété par de jeunes enfants (Victoire Thivisol avait trois ans et demi lorsque le tournage a démarré), Ponette, raconte Jacques Doillon, s’est avéré difficile au départ. « J’ignorais « la parole » des enfants de quatre ans et on avait au début un tout petit synopsis pratiquement inutilisable car il nous fallait apprendre avant tout leur langage. En fait, les enfants ont réécrit l’histoire de Ponette. Il m’aurait été impossible de tourner un tel film si je n’avais auparavant longuement discuté avec eux. Et puis il faut aussi se rendre compte que les petits enfants ou ces « enfants petits » ou « très petits » comme Victoire n’ont pas le réflexe automatique propre au comédien. » Pour Doillon, le désir réel de participer au tournage était fondamental pour les enfants.

Ponette c’est avant tout une longue recherche sur les réactions enfantines, « la « psy » face à la mort (contrairement à l’enfant de Jeux interdits, Ponette, elle, déterre les morts) et sur l’univers « magique et irréel » dans lequel un enfant s’enferme parfois pour se raconter des histoires et se créer ainsi un nouveau monde.

Doillon a tourné plus de trois cents plans pour « bâtir son film ». Au début, raconte-t-il, « on tournait des plans très courts car les enfants devaient s’habituer à être devant la caméra et aussi à apprendre leur texte. Ils n’avaient pas de souffle. C’est au bout de trois à quatre semaines que nous avons fait du cinéma de type traditionnel en faisant des plans normaux ».

Le réalisateur refuse de voir étiqueter Ponette comme un film sur la mort et ajoute : « J’adore les gens qui savent dire non. « Ponette », c’est l’histoire d’un enfant qui dit non à la mort et oui à la vie. » Doillon affirme avoir récupéré une partie de sa mémoire perdue en rencontrant ces petits enfants : « On a tous oublié ce que signifie avoir quatre ans, l’âge de Victoire, un âge d’une richesse formidable. » En fait, « une redécouverte au niveau de l’autonomie des enfants qui débouche sur une force psychique, une force que l’on perd en grandissant ». Il cite Louis Malle pour mieux expliquer ses intentions : « Allez voir du côté de cet âge, car on ne sait plus comment un enfant vit et s’exprime. » Pour Doillon, la vie des enfants est une sorte de fragment qui s’assemble comme un puzzle – ce qu’ils disent à leurs amis, à leurs parents, les jeux qu’ils inventent -, une mosaïque.

Ariel F. Dumont / L’Humanité – 4 septembre 1996

Cette petite fille nous renvoie à tout ce que l’on ne veut pas voir, à tout ce que l’on ne sait pas dire, à tout ce que l’on voudrait taire. Aux idées fausses sur l’enfance que l’on croit nôtre, au temps que l’on espère immobile, à la mort qu’on exige lointaine. Dans son entêtement à ne pas devenir comme nous – plus ou moins résignés devant l’inéluctable – , Ponette est une obsédée magnifique. Comme toutes les héroïnes de Doillon…. C’est une extrémiste, Ponette : elle poserait des bombes pour arriver à ce qu’elle veut. Et soudain, il y a son triomphe. Aussi poétique que dans un film de Cocteau. Avec cette séquence sublime – où Marie Trintignant apparaît – qui n’est en aucune façon une solution. Une justification. Rien qu’une récompense : « Cette petite fille était si méritante, dit Jacques Doillon, c’était une telle résistante que je devais lui rendre tout ce qu’elle avait donné avec une telle ferveur ». D’où le dénouement de ce film magique, le plus casse-gueule de Doillon, et assurément, l’un de ses plus beaux : une petite fille s’en allant, après avoir terrassé la mort, vivre sa vie.

Pierre Murat / Télérama – 15 octobre 1997

Vidéos

Ponette

Catégorie :

De la semeuse aux bras de sa tante Claire : la solitude, les enfants, les adultes : le film en miniature.

Outils

Bibliographie

Cahiers du cinéma n°506, 599, 606
Positif n°428, p. 31
Repérages n°6

Vidéographie

Ponette, DVD édité par l’Eden cinéma

DVD

Ponette, collection Eden cinéma (libre de droits pour un usage en classe)
Ce DVD propose :
- le film
- un film d'Alain Bergala Rencontre avec Jacques Doillon qui aborde la question du casting, la direction de l'acteur, la représentation de la mort, le déroulement du tournage et la place de l'enfance.
- quatre témoignages filmés par Jacques Doillon : Victoire Thivisol « Ponette », Caroline Eliacheff (psychanalyste), Caroline Champetier (directrice de la photographie du film), Jean-Claude Laureux et Jean-Pierre Duret (ingénieurs du son du film).

Web

L'Express - Entretien avec le réalisateur
Panorama - Analyse
Fiche ABC Le France - Extraits de critiques et entretien avec Jacques Doillon (document PDF à télécharger)
Critique Télérama
Centre de Beaulieu - Pistes d'accompagnement du film