Peur(s) du noir

France (2007)

Genre : Comédie dramatique

Écriture cinématographique : Film d'animation

Archives LAAC, Lycéens et apprentis au cinéma 2010-2011

Synopsis

Le frôlement rapide de pattes d’araignées sur une peau nue… Des bruits inexplicables que l’on entend la nuit, dans une chambre close. Une grande maison vide dans laquelle on devine une présence. Autant de frissons que nous avons éprouvés, un jour ou l’autre, comme les auteurs de ce voyage qui nous mène d’un trait au pays de l’angoisse. Six récits entrelacés pour une fresque unique, où phobies, répulsions et rêves prennent vie, montrant la Peur sous son visage le plus noir.

 

Générique

Réalisation : Blutch, Charles Burns, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Richard McGuire, Lorenzo Mattotti
Scénario : Blutch, Charles Burns, Pierre di Sciullo, Jerry Kramsky, Richard McGuire, Michel Pirus, Romain Slocombe
Directeur artistique : Etienne Robial
Son :  Fred Demolder, Valene Leroy
Musique : René Aubry, Boris Gronemberger, Laurent Perez Del Mar, George Van dam
Décors : Céline Puthier, Jean-Michel Ponzio
Montage : Céline Kelepikis
Production : Prima Linea Productions
Producteurs : Valérie Schermann, Christophe Jankovic
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 1h25
Voix des personnages :
Laura / Aure Atika
Le narrateur / Arthur H
L’instituteur / François Creton
Eric / Guillaume Depardieu
La femme / Nicole Garcia
Sumako / Louisa Pili
Le docteur, le samouraï / Christian Hecq

Autour du film

Une araignée. Une piqûre. La forêt. Les cauchemars. La folie. Les monstres. Autant de choses – et plus encore – qui donnent corps aux peurs de chacun et que six auteurs de BD ont mises en scène en des courts-métrages en noir et blanc aux techniques d’animation différentes mais à la qualité égale. La meilleure. Les six ont dit oui à Prima Linea Productions, déjà responsables du formidable Loulou et autres loups, qui leur a proposé de s’emparer de ces peurs blotties au fin fond des imaginaires. Etienne Robial – grand manitou génial de l’illustration – s’est chargé de la direction artistique. Qu’on se rassure : rien de gore ici, pas même de tête tranchée ou de viscères étalés. Les petits auront joliment peur – oui, on peut aussi frissonner de plaisir, surtout au cinéma – les grands seraient bien avisés de reconnaître le talent des auteurs, qui jouent la fiction ou le graphisme pur, l’esquisse ou la 3D, le conte ou la référence aux maîtres du genre (Lynch, Carpenter …). Un voyage au pays des ombres. Et, à la fin, les lumières de la salle se rallument. Ou pas.

Eric Libiot,, L’Express 13 février 2008

Pour une fois, un « film-omnibus » qui ne se réduit pas à une ribambelle sans queue ni tête. Ici un projet ferme (six courts d’animation sur la peur du noir) présenté par Valérie Schermann et Christophe Jankovic à des gens de goût, en osant jeter dans l’arène de l’animation des maîtres de la BD papier : Blutch et Charles Burns (on regrette que Chris Ware n’ait pu se joindre au projet). À cela s’ajoute un habillage habile d’Etienne Robial qui fonde en un tout les six histoires, en en fragmentant deux (Blutch et Pierre di Sciullo) disséminées le long des quatre autres.

Stéphane  Delorme, Les Cahiers du cinéma 6 février 2008

Recroquevillé entre ses parenthèses, le s du titre ressemble à un enfant effrayé, tapi sous les draps. Un pluriel très singulier : six artistes, pour la plupart issus de la BD, comme le Français Blutch, l’Américain Charles Burns et l’Italien Lorenzo Mattotti, ont trempé leurs pinceaux dans l’encre opaque des cauchemars, laissé errer leurs crayons aux confins de l’angoisse. Ce film graphique époustouflant est un projet à part, radical et ambitieux. Un dessin animé réservé aux adultes (sous peine, pour les autres, d’insomnies jusqu’à la puberté), qui fonctionne un peu comme une expo collective sur le thème de la peur. La « visite » est saisissante. Toutes les « œuvres » montrées sont en noir et blanc : rien que l’ombre et la lumière, rien que le trait, tordu, magnifié, imaginé de six manières et techniques différentes. Cet effet de mélange entre les styles et les esthétiques donne le vertige, à l’instar du montage, en forme de puzzle mental. Les histoires se coupent, se croisent, certaines reviennent comme une fièvre, une douleur, une obsession inlassablement ressassée.

Peur de la maladie, de l’enfermement, de la folie, des insectes, des piqûres, du viol … : chaque spectateur est invité à renouer avec ses propres hantises. Peur(s) du noir, qui a également bénéficié de scénaristes talentueux tels que Jerry Kramsky ou Romain Slocombe, explore tout cela, mais pas seulement : ces chapitres entrebaîllent les portes du mystère, laissent deviner l’indicible fragilité de l’esprit. Un portrait de l’enfer, à la fois intime et universel.

Cécile Mury, Télérama 4 février 2008

Vidéos

Le récit dévoré

Catégorie :

Dès le début de Peur(s) du noir, à l’instar des chiens qui déchiquettent les corps, il s’agit d’être dévoré : par son imagination, ses songes, ses cauchemars… par sa peur.
Les trois niveaux de narration du film travaillent chacun à leur manière cette thématique.

Cette vidéo a été conçue en complémentarité avec la rubrique « Analyse du récit », en page 7 du livret enseignant Lycéens et apprentis au cinéma.
Texte : Carole Wrona
Réalisation : Centre Images

Extérieur(s) – Intérieur(s)

Catégorie :

Il existe deux sortes de hantise dans Peur(s) du noir :
– la hantise de lieux porteurs des traces d’un passé dramatique et/ou abritant des créatures malfaisantes. Cette hantise est liée à la mort.
– la hantise liée au vivant et qui se joue du côté de ce que Freud a nommé l’inquiétante étrangeté : sensation de présence, hallucinations, troubles du sommeil, phénomènes défiant l’entendement.
L’angoisse, qui vient de l’intérieur, se confond donc ici avec la peur, qui vient de l’extérieur. Et les lieux – extérieurs comme intérieurs – seront ainsi les vecteurs privilégiés des hantises à l’œuvre dans les différents récits.

Texte : Carole Wrona
Réalisation : Centre Images