Nanouk l’esquimau

États-Unis (1922)

Genre : Aventure

Écriture cinématographique : Documentaire

École et cinéma 2004-2005

Synopsis

Dans le Grand Nord canadien, la vie quotidienne d’une famille d’Esquimaux avec, au fil des saisons, la lutte contre le froid et la perpétuelle recherche de nourriture. Dans ce paysage de neige et de glace, cette vie quotidienne devient épopée…

Distribution

Nanouk
Mari et père exemplaire, Nanouk assure le bien-être de toute une famille : Nyla, sa femme, Allek et Rainbow, ses fils, Cunayou, sa belle-soeur. Chasseur habile, Nanouk ne s’attaque pas qu’aux renards blancs et aux phoques. Sans autres armes que son harpon, sa lance et sa témérité, il sait venir aussi à bout de cet adversaire justement redouté : le grand ours polaire. (Nanouk, en esquimau, signifie l’Ours, c’est à dire courage, force, adresse).

Générique

Titre original : Nanook of the North
Réalisation : Robert Joseph Flaherty
Scénario, photographie et montage : Robert J. Flaherty
Intertitres : Carl Streans Clancy et Robert J. Flaherty (pour les copies avec intertitres)
Musique : Nouvelle composition musicale de Christian Leroy (2002) pour la copie des Grands Films Classiques retenue au catalogue d’École et Cinéma.
Production : Révillon frères
Première : 11 juin 1922, au Capitole Theater à New York.
Durée : 1 h 10
Interprétation :
Nanook
Nyla, sa femme
Allegoo (la fille), Cunayou (le garçon), Arc-en-Ciel (le bébé) et le chien Comok.

Autour du film

Nanouk ! L’homme du Pôle magnétise les enfants. Que cette famille ne les laisse pas indifférents nous éclaire sur leurs désirs. Pourquoi se soudent-ils autour de celle de Nanouk ? Elle vit une vie surprise à son origine, filmée sous une lumière directe ; le soleil source de la vie (et de toute philosophie). Le moindre de ses actes apparaît indispensable à son existence. Pas un geste superflu n’embrouille ses rapports au monde. Gestes quotidiens et cependant fondamentaux. Gestes exemplaires. Ils magnifient le génie de ce petit groupe humain. Une famille peut-elle devenir épique ? Cet univers de l’extrême nécessité les sidèrent. Nanouk est au monde. Tout simplement. Il s’accorde à la place qui lui a été faite. Il l’accepte. Il accomplit ce pourquoi il a été fait. Sans tricher, sans mensonge. L’affectivité de chacun s’harmonise avec un geste authentique, rien moins que vital. Pas de désirs inutiles, pas de chantage affectif, rien qui poisse psychologiquement, ni culpabilise. Et puis que voient-ils aussi ? Un père qui prend le temps de jouer avec ses enfants ! A peine vient-il de finir la construction de leur maison.
Extrait du Point de vue par Pierre Gabaston, dans le Cahier de notes sur… édité par Les enfants de cinéma

Une des plus grandes missions du cinéma est d’évoquer devant nos yeux sédentaires les visions multiples du vaste Monde. Nanouk, l’Esquimau vient donc à son heure. Non seulement il nous apporte des documents nouveaux et irréfutables, mais encore une leçon émouvante d’énergie […] Energie non seulement de la part de Nanouk et des siens, mais encore énergie persévérante de réalisation […] Ce film a été pris dans l’Extrême Nord Canadien,  » au delà de la limite des arbres « , en plein territoire esquimau, pays désertique, où rien ne pousse, sauf de maigres lichens, et dont la superficie, qui approche celle de la France, ne saurait alimenter plus de trois cents habitants […] Ce film, qui nous prend d’abord par la curiosité, puis par l’émotion, la pitié, l’admiration, constitue un ensemble parfait […] Ces mystérieuses scènes polaires nous animent de ce sentiment admiratif que nous vouons à tous ceux qui ont su dompter les éléments, peupler les déserts, animer les pires solitudes, réaliser enfin, par une suite d’initiatives victorieuses « le Triomphe de l’Homme ».
Cinémagazine, 3 novembre 1922

Pour George Sadoul, avec Nanook of the North, réalisé en 1920-21, Robert Flaherty devient le “ père du documentaire ”. Et il ajoute en citant Jean Grémillon : “Flaherty a toujours cherché la trace de l’homme”. Sadoul concluait : “l’énorme succès de Nanouk avait en effet contribué à un nouveau courant dans le cinéma […] On avait compris que sans acteurs, avec un scénario non pas imaginaire, mais qui montrait des gens de tous les jours dans leur vie de tous les jours, on pouvait réaliser de grandes œuvres d’art en s’inspirant directement de la réalité, en la transcrivant sur l’écran, en montrant les hommes aux autres hommes.
Sadoul George, Rencontres 1 : Chroniques et entretiens, Editions Denoël, 1984

Vidéos

Le départ à la chasse au phoque

Catégorie :

« Un panoramique de 26 secondes » par Pierre Gabaston

Pistes de travail

  • Les deux saisons de Nanouk
    Flaherty divise son œuvre en deux grandes parties, chacune correspondant à une saison ; la première, l’été, la deuxième, l’hiver. Chaque saison réserve un traitement particulier au paysage. L’eau déssoude l’étau des glaces en été. Le règne de la glace est sans partage l’hiver. Chaque saison impose son moyen de locomotion spécifique et adapté, l’un excluant l’autre dans le film. L’été requiert l’oumiak et surtout le kayak. L’hiver est la saison du traîneau et donc des chiens qui le tirent. Le type de chasse est lié à la forme de l’eau, la chasse au morse et la pêche au saumon l’été, la chasse au renard et au phoque l’hiver.Fiche mise à jour le 24 septembre 2004
    Fiche réalisée par Delphine Lizot, d’après le Cahier de notes sur… écrit par Pierre Gabaston, édité par Les enfants de cinéma

Expériences

Avec Nanouk l’Esquimau, Robert J. Flaherty a véritablement inventé le genre du documentaire tel qu’on le connaît aujourd’hui. Pendant deux ans (1919-1921), le cinéaste a vécu la rude vie de Nanouk et de sa famille dans le Grand Nord canadien. Laissant de côté le traditionnel regard objectif de l’ethnologue qui appréhende la réalité sur le vif, il a pris le parti de mettre en scène la vie de tous les jours de cette famille d’Esquimaux, mois après mois. Ce choix lui valut d’ailleurs quelques critiques. Le film retrace cependant avec une fidélité exemplaire et une grande chaleur humaine la difficulté de vivre de cette société ancestrale en lutte perpétuelle contre les éléments naturels.
« Par mes films je m’efforce de faire connaître un pays et les gens qui y vivent sous leur aspect le plus authentique. Je me sers des personnages réels, des gens qui vivent dans les endroits où je tourne, parce qu’en fin de compte ils sont les meilleurs acteurs. […] Aujourd’hui plus que jamais, le monde a besoin de promouvoir la compréhension mutuelle des peuples. Le besoin que je ressentis de faire Nanouk vient de mon admiration pour ce peuple. Je désirais communiquer cela aux autres. C’était ma seule raison de faire le film. » Robert Flaherty.
Ce documentaire, produit par une entreprise de fourrures, eut un incroyable succès, aux États-Unis et dans le monde entier. Il est vrai que Flaherty est un conteur-né, et qu’il a merveilleusement su faire comprendre la culture esquimaude à travers Nanouk, qui mourut d’ailleurs tragiquement de froid, deux ans après la sortie du film. Pour la petite histoire, le fait de vendre dans les cinémas, à l’entracte, des “Esquimaux” date de ce film.

Outils

Bibliographie

Hommage à Robert Flaherty, Georges Sadoul dans Les Lettres françaises 13 septembre 1951
Jean Grémillon vous parle de Robert Flaherty : A la trace de l’homme, dans Cinéma 56, n°9 et 10, ”
Un cinéma de la réalité : “ La méthode de Robert Flaherty ” par Frances Flaherty , “ Flaherty et la création cinématographique ” par Jacques Chevalier, dans Image et son n°183, avril 1965, Edité par l'UFOLEIS
In Memoriam Allakariallak, Thierry Lefebvre, Revue de l’Association française de recherche sur l’histoire du cinéma, n°30, octobre 2000.

Robert Flaherty et le documentaire poétique, Fuad Quintar, Etudes cinématographiques, n°5, 1960
Robert Flaherty, Henri Agel, “Cinéma d’aujourd’hui”, Éditions Seghers, 1965
Robert Flaherty, Marcel Martin, “Anthologie du cinéma”, supplément à L’Avant-scène du Cinéma, 1965
Le Documentaire, l’autre face du cinéma, Jean Breschand, Cahiers du Cinéma, les petits cahiers, SCEREN-CNDP, 2002
Vivre au Groenland avec les Esquimaux, Découverte Benjamin, Gallimard, 1984
Apoutsiak, le petit flocon de neige, Paul-Émile Victor, “ Les Albums du Père Castor ”, Flammarion, 1948
Les Inuits de l’Arctique canadien, textes recueillis par Pauline Huret, préface de Michèle Therrien, col. Francophonies, CIDEF-AFI, Québec, Faculté des Lettres Laval, Canada G1K 7P4, 2003

Films

La Mise en scène documentaire - Robert Flaherty… de Gilles Delavaud