Homme qui rétrécit (L’)

États-Unis (1957)

Genre : Fantastique

Écriture cinématographique : Fiction

École et cinéma 2004-2005

Synopsis

Ayant été exposé à des radiations, Scott Carey découvre qu’il rapetisse progressivement : il affronte un chat et une araignée avant de se perdre dans le monde de l’infiniment petit.

Distribution

Le film s’organise autour de son personnage principal, Scott, qui apparaît anonymement dans le titre, défini par sa particularité : il est  » l’homme qui rétrécit « . Son rétrécissement mène l’action et dicte son rapport aux personnages secondaires, humains ou animaux. Narrateur, Scott est le héros et l’antihéros du film. Antihéros car il est un homme banal qui subit une métamorphose peu glorieuse.
Mais il devient héros car son sort lui donne l’occasion d’accomplir des exploits, et sa résistance vaillante en fait le personnage auquel s’identifier. Son entourage familier devient étrange et inquiétant pour lui. Sa femme Louise (épargnée par le nuage, cause du rétrécissement, parce qu’elle va lui servir à boire), son frère Charlie (qui éloigne Louise, le croyant mort), mais aussi les nouvelles rencontres, supposées tenir lieu d’adjuvants (le Docteur Silver, l’infirmière, la femme naine), se révèlent être des opposants pour lui.
Impuissants à le sauver, ils lui paraissent hostiles. Puis l’animal domestique ou l’araignée deviennent ses pires ennemis. Opposé à tous, Scott finit totalement seul et libéré du joug de la présence devenue maléfique des autres.

Générique

Titre original : The Incredible Shrinking Man
Réalisateur : Jack Arnold
Scénario : Richard Matheson, d’après son roman The Shrinking Man
Direction artistique : Alexandre Golitzen, Robert Clatworthy
Décors : Russel A. Gausman, Ruby R. Levitt
Image : Ellis W. Carter
Son : Leslie I. Carey, Robert Pritchard
Montage : A. Joseph
Musique : Joseph Gershenson
Effets Spéciaux : Clifford Stine
Interprétation :
Robert Scott Carey/ Grant Williams
Louise Carey/ Randy Stuart
la naine Clarice/ April Kent
Charlie Carey/ Paul Langton
Dr. Thomas Silver/ Raymond Bayley
Dr. Arthur Benson/ William Schallert
Production : Albert Zugsmith
Distribution : Les Films du Paradoxe
Durée : 81 mn, noir et blanc

Autour du film

Lorsque le film commence, Scott Carey mène une existence paisible de jeune américain marié. La narration est menée par la voix-off de Scott, qui annonce qu’il va raconter son  » histoire étrange, presque incroyable « . En effet, tous les repères familiers du personnage vont être malmenés par les changements liés à son rétrécissement. Dans une confusion grandissante, objets, décors et êtres vivants deviennent hostiles voire dangereux pour Scott, acquièrent une sauvagerie que sa diminution met à jour.

Toute la familiarité de sa vie domestique vole en éclat du fait de sa métamorphose. Les vêtements trop grands, devenus habits de poupée grossièrement coupés, sont remplacés par un morceau d’étoffe minuscule. Les meubles réels deviennent meubles de poupée, puis sont inutiles, quand Scott entreprend une vie d’aventurier luttant pour la survie. Le détournement des objets familiers et des usages civilisés (dans sa cave, Scott devient un sauvage solitaire puis doit s’identifier à la bête instinctive pour la vaincre) se termine paradoxalement par un regain d’humanité du personnage. Une fois devenu assez petit pour sortir de la cave, Scott déclare entrer dans le monde de l’infiniment grand et de l’infiniment petit à la fois, et se détermine plus que jamais par sa capacité à penser, pour appréhender le monde qui l’entoure.

Devenu monstrueux uniquement du fait de sa taille relative à celle de son entourage (il ne cesse de garder apparence humaine, et ses diminutions ne sont jamais montrées), Scott sort humainement grandi de l’aventure qui l’a éloigné de la banalité domestique. Il trouve sa singularité dans son destin hors pair, continu à s’exprimer et ne sera jamais dissout totalement dans la pluie des atomes.

Autres points de vue

Extrait du point de vue du Cahier de notes sur… p. 9 de  » Ce qui était à peine esquissé dans le roman (…)  » à  » (…) lui permettant de passer dans l’autre monde. « .

Vidéos

L’attaque du chat

Catégorie :

« Tom et Jerry » par Hervé Joubert-Laurencin

Pistes de travail

Le film met très habilement en scène les jeux sur les changements de taille et d’échelle des éléments du décor, en relation avec la diminution progressive de Scott.
Différents types d’effets spéciaux (visuels mais aussi sonores, la voix de Scott est de plus en plus inaudible) sont utilisés pour rendre compte du rétrécissement du personnage, toujours joué par le même acteur. Les décors sont truqués par l’utilisation de meubles et d’objets géants (le téléphone, le carnet devenant un cahier, etc). Lorsque Scott a la taille d’un nain, des split screen divisent l’image en deux, et chaque personnage évolue dans un décor proportionnel à sa taille supposée. Des transparents permettent de superposer deux images, celle de Scott et celle du chat filmé en gros plan.

Le sujet du rétrécissement adapté en film permet de voir que le dispositif du cinéma induit des jeux entre les tailles différentes. Le grand (un gros plan du chat sur l’écran) et le petit (l’étendu de l’univers sur chaque photogramme de la pellicule du film à la fin) sont relatifs à l’état du film (pellicule ou image projetée) et aux choix de tournage (échelles de plan, etc.).

Mise à jour: 17-06-04

Quelques pistes pédagogiques ailleurs sur le web:
(liste non exhaustive)

Arts et culture en Haute-Garonne
Zéro de Conduite
Arts et culture en Côtes-d’Armor
CRDP de Bordeaux
Les Films du Paradoxe
Inspection académique de Dijon
Ecole et Cinéma 31

Mise à jour le 05 mars 2008

Expériences

L’Homme qui rétrécit est réalisé par Jack Arnold pour le studio Universal en 1957. Il achève une série de films de science-fiction que le studio confie à Arnold, alors qu’il réalisait auparavant des documentaires de commande. L’Homme qui rétrécit est doté des moyens financiers d’un film de série B produit par une grande compagnie. Universal est en effet une des  » Major  » de Hollywood, les plus grandes sociétés de production de l’époque.
Le film témoigne de la maîtrise de Jack Arnold dans l’utilisation des effets spéciaux, faisant apparaître le personnage de Scott de plus en plus petit, dans un environnement et face à des personnages (les autres adultes mais aussi les animaux et les insectes) de plus en plus grands par rapport à lui. Le producteur Robert Zugsmith voulu imposer un  » Happy Ending  » (une fin heureuse, à savoir la guérison du personnage), mais le réalisateur réussit à imposer ses vues en faisant disparaître Scott dans l’infiniment petit. Le succès de la projection du film en préview (séance-test devant des spectateurs avant la sortie officielle) permit de maintenir la fin voulue par Arnold. L’Homme qui rétrécit est son plus célèbre succès.

Outils

Bibliographie

L'homme qui rétrécit, Richard Matheson, Présence du futur/18, 1999.
Dictionnaire du cinéma - les films, Jacques Lourcelles, Ed. Robert Laffont, 1992.
50 ans de cinéma américain, Bertrand Tavernier, Jean-Pierre Coursodon, Ed. Nathan-Omnibus, 1995.
Directed by Jack Arnold, Dana Reemes, Mc Farland, 1988. (en anglais)
"Miniaturisation et gigantisation, le monde et l'humain" dans L'Invention de la figure humaine - Le cinéma : l'humain et l'inhumain, sous la direction de Jacques Aumont, Cinémathèque française, 1995.
Lumières des épaves, Jean-Claude Biette, Cahiers du cinéma n° 380, Ed. cahiers du cinéma/Editions de l'étoile, 1988.