Aniki Bóbó

Portugal (1942)

Genre : Drame

Écriture cinématographique : Fiction

Archives EEC, École et cinéma 2016-2017

Synopsis

Une bande d’enfants dans les rues de Porto : leurs jeux, leurs rivalités, leurs codes secrets cette comptine, par exemple, Aniki-Bébé-Aniki Bobo, mot de passe nécessaire pour pénétrer dans leur univers. Parmi eux une gamine, Teresinha, sorte d’égérie en miniature que les garçons admirent ou jouent à aimer, n’est pas insensible au charme d’Eduardinho. Carlitos, le plus amoureux de tous est aussi le plus timide de la bande. Pour prouver sa flamme à sa bien aimée, il vole une poupée à l’étalage de la boutique du mercier. Les deux gamins s’affrontent au bord du fleuve Douro. Alors qu’ils font l’école buissonnière, Carlitos et Edouardinho en viennent à nouveau aux mains. Le combat a cessé, mais Eduardinho tombe du talus surplombant la voix ferrée, au moment ou passe un train. Carlitos est accusé de meurtre et seule l’intervention providentielle du commerçant volé pourra le laver de tout soupçon.

Ce qui intéresse Oliveira, c’est de transposer au cœur d’un groupe d’enfants une intrigue qui pourrait être celle d’adultes : une histoire d’amour et de trahison, d’innocence et de faute, empreinte d’une grande cruauté. Le film montre de façon convaincante comment la complexité des sentiments humains (jalousie, orgueil, culpabilité, etc.) dénature les rapports « naturels ».

Source : http://www.cineclubdecaen.com/realisat/oliveira/anikibobo.htm

Distribution

Nascimento Fernandes | le commerçant
Fernanda Matos | Teresinha
Horácio Silva | Carlitos
António Santos | Eduardito
António Morais Soares | Pistarim
Feliciano David | Pompeu
Manuel de Sousa | Philosophe
António Pereira | Batatinhas
Rafael Mota | Rafael
Americo Botelho | Estrelas
Armando Pedro | Employé du magasin
Vital dos Santos | Porfesseur
Manuel de Azevedo | Chateur de rue

Générique

Réalisation : Manoel de Oliveira
Scénario : Manoel de Oliveira d’après le conte Os meninos milionarios de João Rodrigues de Freitas
Production : Produções António Lopes Ribeiro
Photographie : António Mendes
Montage : Vieira de Sousa

Autour du film

A l’instar de beaucoup de réalisateur, à commencer par Charles Chaplin, Oliveira s’est ensuite opposé fermement à l’arrivée du cinéma sonore, qu’il voyait comme un menace. Il lui semblait que l’arrivée du parlant ferait perdre au septième art sa spécificité d’art du montage et de l’image, et le condamnerait à devenir du théâtre filmé – puisque les cinéastes se contenteraient désormais de filmer des discussions comme l’on pourrait en voir sur les planches. Sa position va changer radicalement par la suite.

Tout d’abord dans son œuvre sortie en 1942, Aniki-Bobo, Oliveira semble prendre conscience de la richesse de l’utilisation de la voix humaine au cinéma. Le film suit un groupe d’enfants des quartiers défavorisés de Porto et évoque de façon poétique leurs conditions de vie et leurs jeux – la formule qui donne son titre au film correspond au premier vers d’une chanson étonnée par les enfants avant de jouer policier et au voleur. Alors que certains ont chercher à voir en Aniki-Bobo une œuvre proche du néoréalisme italien, le film est davantage à rapprocher au réalisme poétique, courant cinématographique français des années trente et quarante, qui chercha à montrer la vie des plus pauvres tout en faisant une large place à la fantaisie. Quoi qu’il en soit, le film de 1942 partage avec les mouvements italien et français une volonté de donner un rôle important à la parole humaine, et en particulier aux façons colorées de parler, grâce à la gouaille et l’accent de Porto des jeunes acteurs principaux. Aniki-Bobo est un film au rythme plus lent que Douro, faina fluvial et ses effets de montage tonitruants. Ce ralentissement des œuvres oliveiriennes est encore accentué avec le documentaire Le Peintre et la Ville, de 1956, consacré au peintre et aquarelliste Antonio Cruz, dans lequel sont utilisés des plans longs sur le ville de Porto, destinés à offrir au spectateur de véritables plans-tableaux et à lui laisser le temps de contempler.

BOURGOIS, Guillaume, Angélica ! L’étrange affaire Angélica de Manoel de Oliveira, De L’incidence Éditeur, 2013.

Outils

Livre-DVD : ANIKI BÓBÓ – Enfants dans la ville – édition de Patrick Staumann et Anne Lima, traductions de Bernard Tissier, Ana Torres, Joana et Eva Viegas. En 1942 avec ce film, Manoel de Oliveira réalise sa première œuvre de fiction, une adaptation des Enfants millionnaires de l’écrivain Rodrigues de Freitas, illustrant avec justesse et onirisme l’atmosphère si particulière du conte.

Le livre-dvd réunit le conte traditionnel, le scénario intégral suivi de l’entretien avec Oliveira, et le DVD du film.

Edition du livre : http://www.editions-chandeigne.com/ShowProduct.aspx?id=7843&title=Aniki-Bobo,-enfants-dans%C2%A0la%C2%A0ville-%28livre-+-DVD

Fiche de lecture : http://ecoleetcinemanational.com/2014/01/16/aniki-bobo-enfants-dans-la-ville-un-livre-dvd-chandeigne/

Analyse filmique par Slim Ben Cheikch dans « L’art du cinéma, Manoel de Oliveira »

n°21/22/23, p.15. http://www.artcinema.org/IMG/pdf/adc21_23.pdf